Conclusion

De la prospection réalisée pour l'élaboration de ce présent cahier technique, il ressort un certain nombre de points.

1. Si rien n'est entrepris les faciès ouverts des zones humides qui comptent, à l'échelle nationale parmi les milieux les plus intéressants sur un plan écologique auront disparu :

  • soit du fait de l'intensification agricole sur les zones drainées,
  • soit du fait de l'abandon et de l'embroussaillement qui le caractérise.

2. Le caractère ouvert de ces milieux ne peut être maintenu qu'au prix d'une politique volontariste usant d'un certain nombre de techniques qui seules ou combinées peuvent apporter une réponse satisfaisante aux attentes des gestionnaires.

3. Chaque cas est un cas particulier et de ce fait, il ne peut y avoir de "recette universelle". A ce propos, nous ferons nôtre les propos du Président Directeur Général de l'Institut National de la Recherche Agronomique pour qui la recherche avec pour objectif la production de 100 quintaux de blé dans les plaines du Bassin Parisien est facile à mettre en oeuvre alors que pour lui, apprendre ou réapprendre à gérer et à valoriser des espaces marginaux et réfléchir à une politique d'extensification est un exercice de style qui demande de très grandes compétences (S.R.E.T.I.E. - E.G.P.N. - Séminaire de Florac - Mars 1987).

4. Le pâturage extensif avec du cheptel appartenant à des races primitives semble être une des méthodes de gestion les moins artificielles puisqu'il mime - au moins dans ses grandes lignes - le fonctionnement des écosystèmes primitifs antérieurs à l'apparition de l'homme éleveur.
Pour de nombreuses causes, cette technique demeure de mise en place délicare el il ne faut pas mésestimer les autres techniques plus artificielles lorsque pour des raisons spécifiques, le pâturage ne peut convenir.

5.  Peu d'expériences ont le recul qui serait vraiment nécessaire ; celles qui ont acquis un minimum d'ancienneté n'en ont que plus de valeur en raison des différentes voies de réflexion qu'elles ouvrent pour les expériences plus récentes dont la mise en oeuvre se trouve d'autant facilitée. Un bilan d'ici cinq ans sera sans doute indispensable afin de réajuster les connaissances tant sur un plan conceptuel que technique.

6. Il faut savoir enfin que vouloir gérer un espace tels ceux concernés par ce document n'est pas une entreprise simple - le gestionnaire d'un espace est rarement le premier ; des tentatives antérieures ont souvent été suivies d'échec. La mise en place d'expériences comme celles décrites demandent une véritable conviction au niveau du gestionnaire qui doit également faire montre de détermination et de persuasion à l'égard de l'''anthropocénose'' environnante. Les forces de résistance liées tant à des démarches routinières qu'à des prises en compte partielles - quand ce n'est partiales - des problèmatiques alors que l'approche doit nécessairement être globale et pluridisciplinaire, sont souvent difficiles à surmonter ou à contourner. Rappelons encore que seul un compromis demeure réaliste entre l"'utopie écologique" et le "rêve agricole".
Aussi le gestionnaire qui a le courage d'entreprendre quelque chose sur l'espace dont il partage une part de responsabilité doit-il savoir qu'il n'a pas souvent le droit à l'erreur, et qu'il sera jaugé et jugé en permanence.

Puisse ce document, en livrant les acquis des premières réalisations, en renforçant la conviction et l'argumentaire des gestionnaires, apporter les éléments techniques que requiert l'initiation d'une telle démarche.