2.2.2 - Les équipements

Les clôtures

Les diverses expériences existantes montrent que la nature des clôtures dépend :

- des animaux, notamment de l'espèce,

- de la surface disponible,

- du voisinage (si d'autres animaux de la même espèce se trouvent à proximité, les mâles forcent les clôtures pour se battre ou saillir les femelles)

En France, les surfaces gérées par le pâturage extensif sont toujours relativement restreintes, ce qui oblige à élaborer des clôtures qui devront servir véritablement de barrage.
Aux Pays-Bas, dans les Réserves de Ooskvoardersplassen et Slikken van Flakkee où les surfaces sont très importantes (600 et 1 600 ha) 2 rangs de fil électrique (véritable fil de fer électrifié et non le simple cordon habituel) suffisent pour contenir les bovins Heck, pourtant assez agressifs.

♦ Les clôtures pour les bovins

Les bovins rustiques ont les défauts de leur qualité : ils sont en général plus agiles, plus rapides et plus fonceurs que leurs "cousins modernes", Par exemple, les Highland et les Casta forcent facilement les clôtures normales. Aussi nécessitent-ils des clôtures plus conséquentes, avec :

- du barbelé plus fort, en évitant les modèles torsadés dont la torsion s'inverse à chaque picot,

- plus de rangs (ex: 6 aux Mannevilles pour les Highland),

- des pieux plus serrés (ex: tous les 4 mètres aux Mannevilles ; tous les 2 mètres au Marais d'Yves avec régulièrement des traverses de chemin de fer),

- des clôtures plus hautes (ex : 1,2 à 1,25 mètre).

A la Réserve de Tjamme (Pays-Bas) la contention des bovins Highland se fait avec 4 rangs barbelés sur 1,1 m de haut, mais doublés d'un fil électrique vers l'intérieur.

♦ Les clôtures pour chevaux

Dans toutes les expériences rencontrées, des clôtures normales (4 barbelés sur des pieux espacés de 4-5 mèrres) suffisent. Il faut éviter les fils lisses, recommandés par les éleveurs de chevaux de sang, qui s'avèrent inefficaces et parfois dangereux (les animaux en forçant risquent de casser des fils et de se blesser).

A la Réserve de chasse de St Georges de Bohon, les poneys new-forest sont contenus avec des clôtures électriques ordinaires. Cependant, ces dernières sont parfois bousculées par les animaux.
Il semble donc préférable de réserver les clôtures électriques pour les barrages internes et avoir une clôture fixe pour l'extérieur. De même, les rubans électriques (cf. annexe), mieux vus par les chevaux, semblent plus efficaces.

La clôture électrique peut cependant poser quelques problèmes pour les chevaux qui, quand ils sont agressés par les mouches, jouent volontiers de la queue. Ils peuvent alors involontairement enserrer le fil électrique, ce qui les fait bondir en arrachant le fil ; et rompent la continuité du conducteur.

♦ Les clôtures pour moutons

Le grillage est indispensable à la contention des moutons. Le plus adapté est le grillage URSUS à mailles progressives sur 90 cm de haut (les petites mailles en bas) renforcé de 3 rangs de barbelés (1 en bas et 2 au-dessus).

+ Remarques générales sur les clôrures :

- Les clôtures ont tendance à se détendre, il faut donc, d'une part prévoir des tendeurs à distances régulières, d'autre part éviter d'enfoncer les crampillons ce qui empêche les piquants de barbelés de passer.

- Pour fixer le grillage sur du fil, il existe des pinces à agrafes très pratiques.

- Il est préférable de prendre de gros pieux fendus plutôt que des rondins : la quantité de coeur (partie dure du pieux) est plus importante et les pieux sont plus résistants.

- Les pieux en acacia ou châtaignier sont généralement moins putrescibles. De même, les pieux écorcés résistent plus longtemps.

- En terrain mou, les pieux doivent être plus longs (2 mètres), ainsi que les jambes de force des angles (elles sont plus efficaces lorsqu'elles s'appuient sur deux pieux consécutifs). Il est également recommadé de profiter des arbres existants (saules ou bouleaux) pour servir d'"ancrage'' à la clôture.

- Les clôtures sont toujours source de soucis. il faut les entretenir et les surveiller régulièrement (faire le tour 1 fois par mois) : les sangliers peuvent trouer le grillage, les fils casser (ils deviennent alors dangereux pour les animaux), des arbres s'abattre et les abîmer.

- Il est souvent préférable d'effectuer les clôtures en saison humide (les pieux s'enfoncent plus facilement).
- Il faut mieux éviter le grillage pour les chevaux : ils ont tendance à l'affaisser en marchant dessus s'ils peuvent passer l'encolure par-dessus la clôture.
- L'utilisation d'une tanière en milieu sableux s'avère problèmatique du fait de son usure très rapide (Platier d'Oye).
- Enfin, les meilleures clôtures sont souvent constituées par les plans d'eau ou les drains. Il est généralement inutile et néfaste de les mettre en défends : les animaux rustiques sont généralement assez prudents pour ne pas se noyer ; et celà évite l'installation d'une ripisylve souvent préjudiciable à l'intérêt ornithologique du plan d'eau. La seule précaution à prendre est d'éviter que les animaux s'aventurent sur la glace par très grand gel (un fil électrique placé temporairement peut être alors dissuasif).

Le parc de contention

Avant d'aborder ce chapitre, nous tenons à signaler aux gestionnaires ayant choisi le bovin ou le mouton comme outil de gestion, les livres de Christian Dudouet, présentant de façon claire et illustrée de nombreux détails pratiques afférents à la contention des animaux : les manipulations et interventions chez les bovins, les manipulations et interventions chez les ovins.

Quelle que soit l'espèce ou la race choisie, le gestionnaire devra à plus ou moins long terme efÎectuer des reprises de ses animaux. Pour que ces dernières se fassent dans les meilleures conditions d'efficacité, de confort et de sécurité. il est indispensable de construire un piège - encore appelé parc de contention ou parc de reprise.

Cette installation représente un investissement, en temps et en argent, mais celui-ci se trouve très rapidement amorti, et tous ceux qui croient se passer de cet équipement y viennent tôt ou tard.

Ce type d'équipement comprend deux parties :

- le piège proprement dit où se trouvent rassemblés les animaux,

- le couloir de contention où les animaux passant 1 par 1 peuvent être bloqués et manipulés.

L'une et l'autre de ces deux parties devront être adaptées aux besoins du gestionnaire, en visant une optimalisation de l'investissement.
Il est toujours intéressant, avant de consrruire un piège, d'aller voir ceux des éleveurs de la région pour profiter de leur expérience, Au gestionnaire ensuite d'adapter l'outil agricole à son "outil de gestion".

♦ L'intérêts et rôles du parc de contention

Le piège doit pouvoir jouer plusieurs rôles :

- maîtriser le plus rapidement possible l'ensemble des animaux du troupeau,

- parc d'attente lors de lâchers ou de sorties d'animaux, 


- isolement d'un animal malade ou blessé,

- réalisation du suivi sanitaire,

- prophylaxie,

- contention permettant une intervention même lourde sur un animal,

- etc.

Cette vocation multiple du parc induit un certain nombre de contraintes portant sur :

- son emplacement,

- le piège, sa forme, ses clôtures,

- le couloir,

- son utilisation.

♦ L'emplacement du parc

- En premier lieu, rappelons que le parc devra se situer dans un angle de parcelle afin de profiter de la clôture pour pousser ou retenir les animaux,

- Il devra êrre accessible aux animaux le plus facilement possible, Il faut donc éviter les endroits trop humides, inaccessibles une partie de l'année. De même, si le territoire géré est divisé en plusieurs grandes unités, le parc devra pouvoir desservir chacune de ces unités.

- Il devra être accessible aux hommes, et notamment, si possible, aux hommes motorisés (bétaillère, tracteur, voiture du vétérinaire...). Cette exigence est particulièrement importante lors de la sortie d'animaux adultes (bovins et chevaux) ; ce n'est malheureusement pas toujours possible.

♦ Le piège

Classiquement, le piège se présente comme unl entonnoir débouchant sur le couloir de contention (cf schéma). Dans le cas d'animaux plus véloces et plus ensauvagés que la normale, et dans la mesure où ce piège constitue souvent la seule "construction" disponible, il faut prendre quelques précautions particulières :

  1. Le piège devra êrre assez grand pour contenir l'ensemble du troupeau (ou l'une de ses grandes unités s'il est divisé) et ce, de façon suffisamment peu contraignante pour ne pas multiplier les risques de patrique. Aussi, le "grand côté" de l'entonnoir peut mesurer jusqu'à 20, 30 mèrres.
  2. La barrière butoir de l'entonnoir (B sur le schéma) doit être facilement maniable et très solide (les animaux aussitôt qu'ils sont enfermés cherchent à sortir). Pour cette raison de nombreux éleveurs préfèrent les tubes métalliques creux, beaucoup plus légers et maniablesque les barres de bois.
  3. Le piège lui-même doit être réalisé en clôtures très renforcées (tubes, grillage, glissière métalliques ... ) et très hautes (chevaux et bovins poussés présentent parfois une vélocité et une légereté étonnantes).
  4. Il doit êrre constitué de plusieurs parcs internes, pour permettre l'isolement de quelques animaux ou leur garde, en dehors des périodes de grandes reprises collectives : pour éviter pendant ces dernières, les combats et manifestations violentes réunis sur une surface réduite, les animaux développent parfois une agressivité exagérée, pouvant conduire à des accidents graves. De plus cela retire au troupeau la possibilité de concentrer une poussée sur un seul point de la clôture. Les clôtures intermédiaires devront répondre aux mêmes exigences de légèreté et de solidité que la grande clôture.
  5. Il peut être bon d'aménager à l'intérieur du piège quelques zones de sécurité pour la protection des manipulateurs. De même, côté interne, l'escalade des parois doit êrre facile pour échapper à une charge éventuelle.

♦ Le couloir de contention

Pour des raisons pratiques et de sécurité, il est bon d'acquérir une cage de contention du commerce (cf. photo) qui sont généralement particulièrement bien conçues pour les différentes manipulations des bovins et des chevaux (panier de sécurité, blocage du cou, blocage des postérieurs, portillons de côté, ... ). La cage est placée en fin de couloir. Celui-ci doit être réduit en longueur pour limiter les craintes de l'animal.

Il existe plusieurs modèles de cage, dans le cas d'animaux au cornage imposant, il est préférable de coincer le cou de façon centrale (photo) et d'avoir un panier de sécurité : même le cou bloqué, l'animal peut donner des coups de cornes sévères. Pour ces mêmes animaux, il faut que la cage soit suffisamment large pour que les cornes passent. Dans ce cas, les jeunes bêtes peuvent se retourner, ce qui est ennuyeux. On peut donc joindre à la cage un dispositif limitant sa largeur au niveau des pattes et du corps.
Si la cage doit servir pour les bovins et les chevaux, il peut être utile de couper la (les) première(s) barres de toit. Les chevaux sont en effet très sensibles au fait de ne pas pouvoir passer l'encolure haute.

Les cages sont généralement en métal, le bruit des sabots sur celui-ci peut provoquer des paniques, il est donc prudent de placer un tapis de caoutchouc.
Pour pouvoir accéder à l'animal par le haut, éviter les cages avec un toit complet.

Si le gestionnaire n'a pas les moyens d'acquérir une telle cage de contention, son couloir devra s'en rapprocher le plus possible du point de vue de la conception.

♦ L'utilisation du parc

  1. Les animaux doivent être habitués au parc de contention. La solution la plus simple est de familiariser le troupeau avec le piège en mettant régulièrement quelques "gâteries" ou compléments hivernaux à son niveau. Les animaux méfiants refuseront en effet d'être poussés dans l'entonnoir, il est souvent préférable de les y attirer (moins de personnes nécessaires, moins de danger, moins de stress et moins d'échecs).
  2. Même pour reprendre un seul animal, il est souvent plus simple de rassembler tout le troupeau dans le piège plutôt que de vouloir pratiquer la séparation au sein de l'herbage.
  3. Pour les animaux méfiants, il est bon d'effectuer quelques "passages pour rien" dans le couloir et la cage (sans effectivement contenir l'animal) et ce plusieurs fois, espacées dans le temps, avant la reprise.
  4. Il est prudent d'accomplir les grandes reprises avec un nombre suffisant de personnes, de façon à dissuader les animaux à forcer ou à sauter les clôtures du piège (quelques personnes placées à l'extérieur du piège et munies d'un bâton peuvent suffire à éviter des précipitations et charges pouvant endommager le matériel et "donner des idées de fuite" aux animaux.
  5. D'une manière générale, éviter tout affolement (des hommes et des bêtes), précipitation et nervosité. Faire attention aux cornes des bovins mais aussi de béliers qui peuvent provoquer des dégâts au niveau des rotules et de la colonne vertébrale ; des coups de pieds des chevaux comme des bovins (l'expression "coup de pied en vache" n'est pas usurpé !).

♦ Equipements annexes pouvant être utiles lors des contentions

  1. Un outil très pratique, surtout pour les bovins, est le trident camarguais. Non vulnérant pour l'animal, il permet toutefois de le maintenir en respect. Il s'avère notamment très utile pour les personnes qui entrent dans le piège et trient les animaux.
  2. De même, les boules de protection à placer sur les cornes peuvent être recommandées dans certains cas.
  3. L'aiguillon électrique (notamment porté sur un manche pour éviter les coups de pied) s'avère pratique pour faire avancer (ou se lever) un animal tenu (pour les bovins).
  4. Les licols, cordes, longes, etc., sont toujours très précieux (cf. Dudouet-1984) pour la façon de poser les longes sur les bovins.
  5. L'anneau du taureau : dans beaucoup de régions, les taureaux sont maîtrisés à l'aide d'un anneau passé dans le nez. S'il est vrai que bien posé, cet anneau peut s'avérer fort utile pour tenir l'animal, il peut être catastrophique s'il est mal placé (trop bas, le cartilage peut casser, trop haut ou trop petit, il blesse l'animal, le rendant plus agressif) et non surveillé. Il ne faut donc utiliser cet équipement qu'avec précaution et doigté. Il en est de même des pinces nasales ou "mouchettes" dont l'utilisation demande un certain savoir-faire.

♦ Les drogues

Elles sont de deux types : les calmants type "Vétranquil", administrés avec de la nourriture dans le piège de contention et destinés il calmer l'animal pour d'éventuels transports ou manipulations; les seringues envoyées avec un fusil destinées à immobiliser l'animal en l'absence de parc de contention. Deux produits sont généralement employés : le rompun et l'imobulon ; ce dernier étant plus efficace mais beaucoup plus dangereux.

En fait, les drogues doivent être utilisées sous contrôle vétérinaire, chaque espèce, chaque race, voire chaque individu pouvant réagir de façon très différente et inattendue. La survie de l'animal peut dépendre d'une mauvaise tolérance, tandis que certains produits plus ou moins hallucinogènes dans leurs effets secondaires mettent en péril celle des manipulateur.

Les pesées

Elles sont réalisées dans la cage de contention quand celle-ci est adaptée sur un système de bascule. Il est alors nécessaire d'avoir un support plan et dur (parfois difficile à trouver dans une zone humide : on peut profiter d'un pont ou d'un chemin).

L'abri

D'une manière générale. les abris ne sont pas utiles dans le cadre d'un pâturage de type extensif. Certains gestionnaires préfèrent toutefois en posséder un par sécurité. Il faut alors prendre garde à trois "effets pervers" des abris et adapter ceux-ci en conséquence :

  1. Le cantonnement du troupeau aux abords de l'abri. Il s'ensuit une zone très souillée, défoncée, posant des problèmes d'ordre zootechnique et biocénotique.
  2. Les abris "courants d'air" : ils imposent en fait des conditions climatiques plus difficiles que le plein air intégral.
  3. Les abris trop confinés. provoquant des effets de cbaud et froid malsains pour l'animal.